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Projet de transplantation d’organes : l’aide d’experts étrangers sollicitée pour éviter tout trafic

Le ministère craint qu’il y ait un trafic d’organes, d’où le temps pris pour mettre en place le projet de transplantation.

Depuis la promulgation partielle de la Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act, les choses se mettent graduellement en place. Cela afin que la transplantation d’organes soit de nouveau possible à Maurice. C’est l’assurance donnée par le ministère de la Santé. 

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«La transplantation d’organes est un dossier complexe, nous devons nous assurer que tout soit bien établi avant de nous lancer. » Propos d’une source proche du dossier au ministère de la Santé. Ainsi, depuis la promulgation  partielle  de la Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Act, le ministère n’a pas chômé, nous a-t-on expliqué. Le Tissue Donation Removal and Transplant Board, chargé d’enquêter sur tous les cas de transplantation, a déjà été constitué. Des sessions de travail avec des spécialistes de la Guy’s Hospital de la Grande-Bretagne a eu lieu il y a quelques jours. D’autres sessions sont prévues dans les jours à venir avec une équipe de Chennaï, a affirmé le Dr Davy Ip, néphrologue à l’hôpital SSRN de Pamplemousses lors de l’émission Allô docteur de Radio Plus.

S’il se réjouit des dispositions de la nouvelle loi, il demeure prudent quant à sa mise en application. « À première vue, c’est une affaire fantastique de pouvoir avoir un don d’organes de n’importe quel donneur. Mais le revers de la médaille, c’est le risque de trafic d’organes humains contre rémunération ou une quelconque forme de gratification », a-t-il expliqué. D’où les consultations qui ont lieu actuellement. « Nous nous inspirons de ce qui se pratique à l’étranger, mais nous faisons attention, car nous ne voulons pas être impliqués dans le trafic d’organes», a-t-il ajouté. « Nous avons le potentiel de le pratiquer, mais c’est une question de temps et un chemin à plusieurs stages », a-t-il dit. 

La loi de 2006, qui a été amendée depuis 2018, fait provision pour prévenir le trafic d’organes. Mais pour le Dr Ip, elle n’est qu’une charpente. « Nous devons avoir toute une organisation ou encadrement susceptible d’éviter tous les risques de trafic d’organes. Il faut avoir l’encadrement nécessaire pour appliquer la loi et sévir en cas d’infraction. Nous devons pouvoir discerner s’il n’y a pas une quelconque connivence entre un donneur et un receveur », a-t-il dit. 

Pour lui, ce n’est que le commencement. Il faut mettre en place les effectifs également. 

« Nous devons nous assurer qu’il n’y ait aucune transaction derrière chaque don et que ceux concernés le font pour de bonnes causes. Nous étudions encore comment cela se fait dans les autres pays afin d’avoir l’encadrement nécessaire, car il nous faudra faire des entretiens, obtenir toute la documentation.» 

Selon le Dr Davy Ip, il y a 300 patients qui ont bénéficié d’une transplantation rénale jusqu’à présent. En attendant que les patients puissent être transplantés à Maurice, ceux qui nécessitent une intervention de ce genre sont envoyés à Chennaï en Inde en compagnie de leur donneur aux frais du ministère de la Santé, explique-t-il. 

Paramètres de la loi

Il a souligné que le ministère veut mettre tous les atouts de son côté afin d’avoir un service de transplantation qui va durer et qui sera aux normes internationales. La médecine a évolué tout comme les médicaments qui sont utilisés, a-t-il fait ressortir. « Il y a de nouvelles maladies qui ont été découvertes, les infections possibles à la suite d’une transplantation ont été découvertes, il y a de nouveaux moyens de diagnostic et de nouvelles analyses. Il y a même de nouveaux moyens pour prélever le rein d’un donneur », fait-il ressortir. 

Ajouté à cela, les frontières de la transplantation ont aussi changé. 

« Auparavant, le prélèvement se faisait strictement au sein de la famille ou entre ceux qui ont des liens de sang. Désormais, nous voulons faire des transplantations avec des étrangers et nous cherchons à faire des transplantations avec des personnes qui ne sont pas tout à fait compatibles ou qui ont d’autres maladies.»

 Pour lui, c’est pour de bonnes raisons que le ministère prend un peu de temps avant de se lancer dans cette voie.   Mais cette attente pour que la transplantation rénale, par exemple, soit de nouveau possible à Maurice n’est pas au goût des patients. 

Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patients Association, est d’avis que, pour l’heure, il y a des patients qui meurent faute de  pouvoir  trouver un donneur compatible. Cela alors que la nouvelle loi était perçue comme une lueur d’espoir pour beaucoup. En effet, outre les proches, les patients ont la possibilité de chercher un donneur en dehors du cercle familial. Mais le risque d’un trafic d’organes plane en dépit des paramètres et dispositions prévus dans la nouvelle loi. Le ministère semble se garder de se précipiter sur le sujet afin de prévenir tout éventuel cas de malversation. 

Dans le cas des patients souffrant d’insuffisances rénales, la transplantation d’un rein sain peut grandement améliorer leur qualité de vie. Un patient est condamné à subir trois sessions de dialyse par semaine à raison de trois à quatre heures par session et sa transplantation rénale peut rallonger son espérance de vie d’une dizaine d’années. 

« Un patient transplanté peut vivre jusqu’à 10 ou 15 de plus qu’une personne sur dialyse. Il n’aura pas à aller à l’hôpital trois fois par semaine, faire de nombreuses analyses ou prendre de nombreux médicaments », a affirmé le spécialiste. Un patient transplanté peut aussi reprendre ses activités professionnelles et mener une vie un peu plus normale, selon lui.


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Forte prévalence

Avec le fort taux de diabète et de l’hypertension à Maurice, le pays compte également un taux élevé de personne souffrant d’insuffisance rénale. De 190 964 sessions de dialyse en 2016, le nombre est passé à 209 888 l’année dernière (voir tableau). Concernant le nombre de patients sur dialyse, il était de 1 264 en 2016 ; 1 325 en 2017 et 1 344 en 2018.
 


Les organes qui peuvent être transplantés

C’est la transplantation d’un organe d’une personne vivante à une autre qui va être pratiquée dans un premier temps à Maurice. Mais, dans plusieurs pays, il est aussi question de transplantation cadavérique où on prélève des organes d’une personne en condition de mort cérébrale à l’hôpital. Selon le Dr Davy Ip, cela ne pourra pas être effectué à Maurice de sitôt, car c’est un processus plus compliqué à mettre en place. 

moelle osseuse

Outre le rein, il est possible de faire don de la moelle osseuse qui va se régénérer et qui n’aura pas de grande incidence sur le donneur. 

Le foie

Le foie peut être donné également, car ce n’est qu’une partie du foie qui est prélevée pour être transplantée. Le foie du donneur va repousser pour retourner à la normale.

le rein

Par contre, le don de rein peut avoir des effets sur le donneur, car c’est 50 % de son organe qui sont prélevés. La personne va fonctionner avec un seul rein au lieu de deux. Mais diverses analyses sont effectuées pour assurer que cela ne va pas affecter le donneur. 

En ce qu’il s’agit de la transplantation cadavérique, le pancréas, le coeur, le poumon etc. peuvent être prélevés mais c’est encore difficile à l’envisager pour le moment à Maurice.
 

 

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