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[Blog] Coup de gueule - La bataille des foules : Au-delà du bluff

Dans la course effrénée vers les élections générales imminentes, les deux mastodontes politiques, le MSM et ses acolytes d'un côté, et l'alliance PTr-MMM de l'autre, se sont mis à courtiser le public, surtout leurs partisans dans une compétition acharnée pour attirer « la plus grosse foule » à leurs meetings respectifs du 1er-Mai. 

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Comme le soulignait si justement l'ancien Premier ministre britannique Harold Wilson, « l'électorat aime être courtisé. » Et c'est précisément cette cour assidue que les partis politiques ont entrepris avec zèle ces deux dernières semaines. À tel point que les leaders politiques, Pravind Juganuth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, ont dû descendre sur le terrain et mouiller leurs chemises pour le titre de « Le meilleur séducteur. »

Cette opération de séduction intense a eu pour but de donner une illusion d'une popularité débordante, même si la réalité reste bien différente. Nos leaders politiques semblent être convaincus que cette bataille des chiffres influencera miraculeusement l'opinion publique, en particulier cette masse silencieuse qui, semble-t-il, peut être persuadée par un simple défilé coloré. Ce qui fait, qu’ils misent avant tout sur une « victoire psychologique » qui aura, selon eux, un rôle catalyseur dans le démarrage de la campagne électorale. 

Or, l'idée même que la taille des foules puisse refléter l'adhésion populaire est aussi risible que de croire qu'un clown triste pourrait résoudre les problèmes nationaux. Mais bon, soyons honnêtes, cette « bataille des foules » est aussi fiable qu'une prévision météorologique. Jeudi, les dirigeants de ces deux blocs vont sûrement convoquer la presse pour bluffer dans la bataille des chiffres. L’un comme l’autre, avec photos à l’appui, revendiquera la plus grosse foule comme prélude à une victoire électorale imaginaire. Dites-vous bien que c’est la seule compétition au monde où il n’y a pas de perdant, ni de ex-aequo. Ils s’autoproclament tous gagnants. Laissons-les à leur bluff !

Au-delà du bluff, il y a une réalité objective et incontestable. Cette année, la bataille des foules revêt une importance particulière, qui offrira un éclairage sur l'ancrage des deux blocs politiques majeurs. Les observateurs vont scruter avec avidité la composition des foules pour chercher à déterminer si le MSM règne toujours en maitre dans les circonscriptions rurales, comme il le revendique, et que l'alliance PTr-MMM est contraint de ne pêcher que dans le bassin urbain. Si c’est le cas, et cela se confirme dans les urnes, d’aucun d’eux n’aura une majorité écrasante sur les 60 sièges à pourvoir dans notre Auguste Assemblée nationale. Ce sera une joute très serrée, avec à la clé une victoire étriquée d’un côté comme de l’autre. Ce n’est pas une mauvaise chose pour la démocratie. Ou encore déterminer si l’alliance PTr-MMM est en train de grignoter du terrain du MSM en région rurale en se présentant comme un redoutable « déboulonneur. » 

En fin de compte, le 1er-Mai n'est que le début d'une longue et ardue campagne électorale. Et comme le disait si bien l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, « après avoir gravi une grande colline, on ne découvre que davantage de collines à gravir. » 

À l'issue de cette bataille des foules, les véritables défis commenceront. Les blocs politiques devront affiner leurs stratégies, séduire les électeurs indécis et convaincre les sceptiques car la sortie des urnes risque d’être dans un mouchoir de poche.

Eshan Dinally

 

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